Nous mentirait-on?

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Vu de Berlin : divorce après mariage forcé

10 mai 2012

Le soutien d'Angela Merkel à Nicolas Sarkozy n’aura pas suffi. Francois Hollande représente une nouvelle politique et risque clairement de compromettre les plans de la chancelière.

François Hollande, l’homme critiqué quasiment unanimement par la presse allemande a été élu président de la République.

L’homme qui tour à tour, avait été coiffé du titre de "populiste" par le journal Die Welt, de "communiste“  pour le Sueddeutsche Zeitung ou encore reconnu Personna Non Grata par la chancelière a cependant bel et bien été élu. Le nouveau président français, élu avec 52 %, qui de longue date, a prévu son premier déplacement officiel en Allemagne, doit à l’avance se réjouir de voir la mine contrite de la chancelière.

 

   Tout comme pour la décision de la coalition allemande, de ne pas participer à la guerre en Libye (et cela envers et contre tous les axes classiques de la diplomatie allemande), les libéraux et conservateurs allemands, convaincus de la capacité de l’Allemagne à faire cavalier seul, vont encore une fois se renier et par des explications byzantines jurer leur soutien indéfectible et de longue date au nouveau président français.

   Au-delà de cela et plus inquiétant encore, la coalition au pouvoir en Allemagne a réussi le tour de force de raviver un anti-germanisme latent dans toute l’Europe.

En traitant les Européens du sud comme des enfants paresseux, sans aucune attention portée aux cultures politiques et sans offrir de compromis européen durable, la presse allemande (sous la bienveillance de la coalition) a réussi à monter les peuples contre le pays de Goethe et de la Bundesbank. Car oui, tout a un prix, et l’exploitation et l’humiliation des pays Européens du sud également.

Hollande vient d’être élu et déjà une dynamique européenne s’organise autour de lui. Les attentes et espoirs que son projet européen ont soulevés sont énormes.

    Pour les Européens, marqués au fer rouge par la politique d’austérité de la chancelière depuis maintenant plusieurs mois, ce n’est pas le jour de gloire, mais bien celui de l’espoir qui est arrivé. Hollande représente une nouvelle manière de faire de la politique en Europe et aura, du moins avant que certains résultats probants ne tombent, les peuples européens à ses côtés.

En cela, il est un véritable danger pour la chancelière allemande.

   Mme Merkel, qui possède un nez remarquable pour sentir les situations politiques délicates, sait parfaitement bien s’y adapter.

Son interview pour le Leipziger Volkszeitung d’il y a deux semaines témoigne bien d’un changement de cap à peine voilé. Étant donné que Mme Merkel a compris que la politique européenne risque d’être plus à gauche dans les prochains temps en Europe, elle s’est mise progressivement en tête de devenir plus social-démocrate que les sociaux-démocrates allemands.

   L’élection d’Hollande en cela risque de peser davantage dans la balance que tous les ténors du SPD réunis et préfigure certainement un changement de position sur la question des eurobonds et du Pacte fiscal.

Une chose apparaît comme cependant pratiquement certaine. L’élection de François Hollande au poste suprême ne pourra qu’améliorer les relations franco-allemandes.

 Il est certain que l’entente entre nos deux pays fonctionne mieux lorsqu’ils sont représentés par des bords politiques différents.

A ce moment-là en effet, la discussion est toujours au centre de la rencontre et jamais la soumission partisane. Il n’était d’ailleurs pour personne un secret que la chancelière ne pouvait supporter l’instabilité chronique de son homologue français.

La crise financière a durci la relation en la transformant encore plus en ce qu’il a pu apparaître comme un mariage forcé, où les deux partenaires se sont forcés à sourire jusqu’à la toute dernière minute.

   Étant donné qu’Hollande représente une orientation politique très claire et possède suite à son élection un grand capital politique, il va sans dire que la chancelière ne pourra plus être le maître incontesté de la maison franco-allemande, mais plutôt, en ces temps de parité stricte, l’autre simple moitié et cela pour le meilleur… comme pour le pire.

 

source: alternative économique

 



11/05/2012

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