Nous mentirait-on?

Nous mentirait-on?

Lourdes menaces sur la survie du Crédit immobilier de France

 

Mercredi 9 mai 2012

 

Suspendue le temps de la campagne présidentielle, la menace qui pesait sur le Crédit immobilier de France, et que Mediapart avait annoncée il y a quinze jours, s’est concrétisée dès la fin de l’élection.

Dans la plus grande discrétion, l’autorité des marchés financiers (AMF) a demandé ce matin la suspension de la cotation des obligations émises par la Caisse centrale du crédit immobilier de France et par sa structure de financement, Cif Euromortage.

 L’annonce a été réservée aux seuls intervenants de marché, et rien n’aurait filtré si une brève sur un site boursier luxembourgeois n’avait diffusé la nouvelle.

 

Interrogée sur les raisons de cette suspension, l’AMF ne donne aucun éclaircissement, en renvoyant vers le Crédit immobilier de France. A l’heure où nous écrivons, celui-ci n’avait publié aucun communiqué.

 

Selon nos informations, la suspension est liée au fait que la banque, comme Mediapart l’avait annoncé, n’a pas pu déposer ses comptes le 30 avril.

 Les autorités ont donc demandé une suspension, dès la fin de la campagne présidentielle, afin de mettre en alerte le marché. Sous la pression, la banque devrait finalement publier ses chiffres très rapidement, mais avec des réserves des commissaires aux comptes .

 Ce qui n’est jamais un signe de bonne santé.

De plus, le Crédit immobilier de France est sous la menace d’une dégradation par Moody’s. L’agence de notation a annoncé la possibilité d’abaisser de 3 à 4 crans la note de la banque, jusqu’alors classée AAA. Une sanction rarement vue dans le monde bancaire.

 

Ce climat est une catastrophe pour le Crédit immobilier de France.

La banque, spécialisée dans le financement immobilier, n’a aucun dépôt et se finance uniquement sur le marché.

Dans cette période de nouvelle panique bancaire, il va alimenter le soupçon et l’inquiétude sur la solidité de la banque. « Le risque que le Crédit immobilier de France soit confronté très vite à un problème de liquidité, est très élevé », souligne un connaisseur du dossier, en se référant à l’exemple de Northern Rock.

 La banque britannique, spécialisée elle aussi dans le financement immobilier, et levant l’essentiel de ses financements sur les marchés, s’était retrouvée étranglée en quelques jours à l’été 2007 et avait été précipitée à la faillite.

 

Averties par ce précédent, les autorités prudentielles bancaires surveillent depuis des mois la banque. Elles ont déjà exigé qu’elle renforce ses fonds propres.

 La banque de France a assuré, depuis fort longtemps, qu’elle s’engageait à fournir toutes les liquidités nécessaires aux banques, afin d’éviter une crise dévastatrice de liquidités, qui peut répandre la panique dans tout le système bancaire.

 

Le recours à la Banque de France, toutefois, ne peut être qu’une solution provisoire. Le modèle du Crédit immobilier de France semble condamné.

 Des solutions d’adossement de l’établissement bancaire ont déjà été étudiées par les autorités prudentielles et le gouvernement.

 La reprise du Crédit immobilier de France par la Banque postale, qui a déjà hérité de la partie financement des collectivités locales de Dexia, est une des pistes privilégiées. Jusqu’alors, la direction du Crédit immobilier de France, désireuse de conserver son indépendance, a refusé cette suggestion.

 Mais manifestement, on ne lui laisse plus le choix de son destin.

 

 

Source: Mediapart, wikistrike



09/05/2012

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