Nous mentirait-on?

Nous mentirait-on?

Les véritables raisons du prix élevé du pétrole

 

Ce ne sont pas les relations tendues entre l'Iran et l'Occident qui expliquent le mieux le prix constamment élevé du pétrole.

 

Le 23 janvier dernier, l'Union européenne annonçait un « élargissement des sanctions » contre l'Iran ciblant les sources de financement de son programme nucléaire.

 Parmi les sanctions nouvellement adoptées, l'interdiction d'importer le pétrole brut iranien a été commentée sur tous les media, eu égard notamment à ces implications sur le prix de la matière première.

   Une semaine plus tard, le directeur de la CIA détaillait les conséquences des sanctions appliquées par les États-Unis sur la République islamique.

David Petraeus annonça en particulier « que la production de l’Arabie saoudite est en train de montée et répondre à une partie de la demande qui aurait pu être satisfaite par les exportations iraniennes maintenant qu'il y a des sanctions sur la Banque centrale d'Iran ». Cette annonce était une tentative de calmer les inquiétudes concernant le prix élevé du pétrole brut alors que l'Iran avait évoqué l'éventualité d'une fermeture du détroit d'Ormuz.

 

Nombreuses sont les spéculations qui ont justifié ce prix élevé par la vive discorde entre l'Occident et l'Iran. Si cette conjoncture est certainement un facteur de la montée du prix de l'or noir, il n'est pas le seul et n'est certainement pas le plus significatif. Dans son émission du 15 janvier 2012, Fareed Zakaria, éminent spécialiste américain de politique étrangère, donnait un clair aperçu des raisons sous-jacentes à l'actuel prix du pétrole.

 

L'argumentation du docteur Zakaria

Quelques constatations incontestables, selon le Dr. Zakaria, sont que : « Les gens conduisent moins en hiver, l'économie américaine est moribonde, l'eurozone est au point mort, la Chine et l'Inde lèvent le pied. En tout état de cause, la demande en pétrole est faible partout dans la monde ».

En dépit de cela, force est de constater qu'un prix du pétrole au-delà de 100$ est devenu la norme. Cela dépasse le prix d'il y a « cinq ans quand l'économie mondiale était en pleine croissance ».

 

Fareed Zakaria convient qu' « un mélange d'échanges belliqueux et d'instabilités locales dans d'importants États pétroliers est un facteur conduisant le prix du brut à monter et cela se traduit par des prix plus élevés à la pompe ».

Ainsi, en principe, « les prix baisseront quand l'actualité sera moins troublée », rien n'est moins sûr. Une analyse du prix minimum auquel les pays pétroliers ont besoin de vendre le pétrole afin d'équilibrer leur budget révèle que la Russie nécessite un baril à 110$, à 100$ pour l'Iraq et à 80$ pour l'Arabie saoudite. « Il y a seulement dix ans, l'Arabie saoudite était capable d'équilibrer son budget avec un prix du pétrole avoisinant les 25$ le baril. (…) désormais il est dans l'intérêt de ces pays de garder les prix du pétrole à un haut niveau » conclue le présentateur de Fareed Zakaria GPS. Cette conclusion évoque l'instabilité prégnante dans tous les États producteurs de pétrole et la manière dont les dirigeants tentent de la contenir par des mesures économiques telles que l'augmentation des salaires ou la hausse de certaines subsides.

 

L'exemple saoudien

   Cette conclusion édifiante entre en résonance avec un récent article de The Economist qui indique que « Le chômage croissant et les tensions politiques sont en train de frapper le royaume » d'Arabie saoudite.

L'état des lieux est connu au sein même de la famille royale. Ainsi le prince Abdulaziz bin Sattam a concédé que « Le Printemps arabe a changé les attentes des individus et le gouvernement doit évoluer » avant d'indiquer que « Le problème est tout à fait compris mais la solution n'est pas encore définie. Nous avons les ressources, mais nous devons encore être concluant en termes de services, d'éducation, de santé, d'emploi et de justice ».

   Les paroles du prince révèlent le comportement de la monarchie face au mécontentement général. Celle-ci pense que les sujets réclament une part plus grande des revenus du pétrole. Elle n'hésite donc pas à augmenter les salaires de ses préposés.

   L'augmentation des revenus du pétrole procède de deux démarches. La première consiste à augmenter le volume de production, ce qui conduit le directeur de la CIA a rassuré ses concitoyens comme il l'a fait à la fin du mois de janvier. La seconde se fonde sur une augmentation du prix de vente, ce qui se répercute sur le cours du pétrole et in fine sur les prix à la pompe. Sans aucun doute, observer l'évolution de la situation sociale dans les pays producteurs de pétrole est plus instructif quant au prix de l'or noir que se pencher sur les relations tendues entre l'Iran et l'Occident.  



07/05/2012

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