Nous mentirait-on?

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évènements grecs

Dans la nuit du 12 au 13 février, 300 députés grecs votaient l'adoption du nouveau plan d'austérité afin de recevoir une nouvelle aide du FMI et de l'Union Européenne. Dans un climat tendu, les manifestations se sont transformées en émeute après un début de contestation pacifique. Devant le parlement d'Athènes, sur la place Syndagma, les manifestants se sont rassemblés en début de soirée pour protester contre ne nouveau plan de rigueur. © Maya Coutouzis

 

Dans la nuit du 12 au 13 février, 300 députés grecs votaient l'adoption du nouveau plan d'austérité afin de recevoir une nouvelle aide du FMI et de l'Union Européenne. Dans un climat tendu, les manifestations se sont transformées en émeute après un début de contestation pacifique. Devant le parlement d'Athènes, sur la place Syndagma, les manifestants se sont rassemblés en début de soirée pour protester contre ne nouveau plan de rigueur. © Maya Coutouzis

LE FEU DANS UNE BANQUE

Plus tard dans la soirée, alors que les manifestants se dispersent, les pompiers tentent d'éteindre le feu dans une banque de la rue Panepistimiou. © Maya Coutouzis

 

LE PEUPLE EN COLERE

Image symbolique, la terrasse du magasin Public est en feu, sur la place du parlement. © Maya Coutouzis

 

Plus de 100 000 manifestants avaient fait le déplacement devant le parlement. Les policiers, inquiets, protègent ici le parlement des contestataires. © Maya Coutouzis

DES MANIFESTANTS PACIFIQUES

 

 

La rue Panepistimiou

A peine la manifestation contre le plan proposé aux députés avait-elle commencé vers 16 h (heure française), que les premiers incidents ont démarré. Après la bataille entre les CRS grecs (MAT) et les manifestants, la rue Panepistimiou porte ici les stigmates de la violence qui a touché la capitale. © Maya Coutouzis

 

 

 

 

 

 

 

 

PLACE DU PARLEMENT

 

 

Grèce: 100.000 manifestants contre le plan de rigueur que les députés sont appelés à voter

Affrontements entre police et manifestants devant le parlement à Athènes le 12 février 2012 (Photo Louisa Gouliamaki/AFP)

 

Dimanche 12 février 2012, 22h25

Quelque 100.000 personnes dans les rues d'Athènes et de Salonique, plus d'une dizaine de bâtiments en feu: les manifestations en Grèce ont pris un tour de guerilla urbaine dimanche dans la capitale grecque pour protester contre un plan d'austérité destiné à éviter la "faillite" du pays, proposé dans la soirée au vote des députés.

A Athènes, la police a recensé 35 personnes blessées, puis hospitalisées, au cours d'affrontements entre forces anti-émeutes et des groupes de manifestants cagoulés dans les rues adjacentes de la place Syntagma devant le parlement.

A peine la manifestation contre le plan proposé aux députés avait-elle commencé vers 15H00 GMT que les premiers incidents ont démarré lorsqu'un groupe de contestataires regroupés devant le parlement a fait pression sur l'important cordon policier disposé autour du bâtiment. La police a aussitôt riposté en faisant usage de gaz lacrymogènes.

Les manifestants se sont alors retirés dans les rues adjacentes, qui se sont transformées en champs de bataille : des manifestants jetaient des pierres, des morceaux de marbre et des cocktails Molotov sur les forces antiémeutes.

A 21H00 GMT, les heurts se poursuivaient dans le centre-ville, ainsi que les débats au parlement.

Des personnes cagoulées ont brisé des vitrines de magasins sur les avenues Pandepistimiou et Stadiou. Un magasin de cristal a été incendié, le feu gagnant le cinéma voisin, l'un des plus anciens de la ville, alors que les pompiers ne parvenaient pas à se rendre sur les lieux en raison du nombre de personnes dans les rues.

Au total, plus de 10 bâtiments ont été incendiés selon les pompiers à Athènes. A Salonique, la police a recensé 6 banques endommagées.

Les contestataires avaient commencé à affluer sur la place Syntagma en début d'après-midi à l'appel des deux grandes centrales syndicales grecques, la GSEE pour le privé et l'Adedy pour le public, ainsi que de la gauche radicale.

 

manifestants contre la rigueur devant le parlement à Athènes le 12 février 2012 (Photo Louisa Gouliamaki/AFP)

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A Salonique (nord), deuxième ville du pays, des heurts ont également éclaté entre les quelque 20.000 manifestants et les policiers qui ont riposté en tirant des gaz lacrymogènes.

"Les députés s'apprêtent à voter des mesures qui vont conduire à la mort de la Grèce (...) mais le peuple ne va pas céder", s'est exclamé le compositeur grec Mikis Theodorakis qui s'est joint aux contestataires à Athènes.

A l'intérieur du parlement, dont les abords étaient gardés par quelque 3.000 policiers, les discussions battaient leur plein, marquées par de fréquents incidents de séance entre les rangs gouvernementaux et l'opposition de gauche.

"D'ici à dimanche soir, le parlement doit avoir adopté" le nouveau programme de redressement, sous peine d'une "faillite" de la Grèce, a lancé, visiblement tendu, le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos.

Il a souligné que l'Eurogroupe, qui pourrait se réunir mercredi, réclamait un vote positif des députés en préalable au déblocage du deuxième plan de sauvetage du pays, combinant renflouement via des prêts publics de 130 milliards d'euros et désendettement via l'effacement de 100 milliards d'euros de créances.

Le pays espère entamer cette dernière opération avec ses créanciers privés d'ici au 17 février, a précisé M. Vénizélos. Le représentant des créanciers privés, Charles Dallara, a lui aussi appelé les députés à voter oui, et prévenu que la Grèce n'avait plus une minute à perdre, dans un entretien avec le quotidien Kathimérini.

Dans la soirée, le président du parti de droite Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, a appelé à la tribune les députés à voter en faveur du paquet d'austérité, un des votes les plus "difficiles de l'histoire" selon lui.

Le leader du Pasok (socialiste) Geroges Papandréou, ancien Premier ministre, y est allé lui aussi de son appel au vote, pour éviter "le chaos", "la banqueroute" et la "Grèce hors de l'euro", avec "ses conséquences incontrôlées".

Les deux leaders avaient prévenu samedi leurs députés que tout écart vaudrait exclusion, à un moment où la dureté de la cure prescrite craquelle le système politique.

Le Premier ministre Lucas Papademos avait aussi averti samedi que la Grèce jouait sa survie financière et son maintien dans l'euro, pour empêcher le "chaos".

Son gouvernement de coalition socialiste-conservateur dispose d'une majorité théorique de 236 députés sur 300, qui pourrait être réduite par une vingtaine de dissidences annoncées ou présumées, mais sans qu'un rejet ne soit dans l'immédiat jugé probable.

Sans cet aval, la Grèce n'a aucune chance de recevoir le moindre centime d'aide pour éviter un défaut de paiement incontrôlé en mars, à l'échéance de créances de 14,5 milliards d'euros.

Le plan ouvre la voie à une chute brutale des salaires dans le privé censée redonner de la compétitivité au pays.

Les syndicats ont jugé qu'il faisait le "tombeau de la société", tandis que la gauche communiste et radicale a réitéré au parlement sa demande d'élections immédiates, considérant que la Grèce n'a rien à perdre à mettre ses créanciers au défi de la lâcher.

L'accord gouvernemental affiché jeudi sur ce plan s'est vite fissuré, avec la démission dès le lendemain de six membres du gouvernement : deux socialistes et quatre cadres de la formation d'extrême droite Laos, qui avait rallié en novembre le gouvernement de coalition.

 

Grèce: nouvelles manifestations avant un vote crucial

Des pancartes contre les mesures d'austérité tendues devant l'Acropole à Athènes le 11 février 2012 (Photo Louisa Gouliamaki/AFP)

 

Samedi 11 février 2012, 16h28

La Grèce au bord du gouffre financier depuis deux ans vit de nouvelles journées décisives dans l'attente, dimanche, d'un vote du parlement sur un nouveau programme d'austérité qui divise la classe politique et a de nouveau poussé, samedi, des milliers de manifestants dans les rues.

A Athènes, pour la seconde journée consécutive, environ 3.500 manifestants se sont rassemblés en milieu de journée sur la place centrale de Syntagma. Quelque 4.000 personnes ont également manifesté à Salonique, la grande ville du nord du pays, selon la police.

Les banderoles dénonçant "le chantage de la troïka" ou demandant "l'effacement de la dette" étaient brandies par une foule pacifique encadrée par un imposant dispositif de policiers, presque aussi nombreux que les manifestants.

La journée avait commencé par une action coup de poing des militants du front communiste syndical grec Pame qui ont déployé sur l'Acropole deux banderoles géantes dénonçant "la dictature des monopoles de l'Union européenne".

Des manifestants face à des policiers qui tentent de les disperser devant le Parlement grec à Athènes le 11 février 2012 (Photo Louisa Gouliamaki/AFP)

L'absence de transports en commun dans la capitale grecque, paralysée par les débrayages dans les services publics, était l'une des explications données à cette faible mobilisation.

Vendredi, à Athènes, quelque 17.000 manifestants avaient répondu à l'appel des syndicats qui ont lancé jeudi un mouvement de 48h de grève générale. En marge de leur rassemblement, des affrontements avaient opposé de petits groupes d'individus jetant des pierres et des cocktails Molotov à la police qui a riposté par des tirs de gaz lacrymogènes.

Pour les syndicats, la véritable épreuve sociale doit se jouer dimanche quand les contestataires de tous bords sont appelés, vers 15H00 GMT, à affluer devant le parlement avant le vote nocturne du plan de rigueur exigé par les bailleurs de fonds de la Grèce pour débloquer un nouveau prêt vital de 130 milliards d'euros.

Les manifestations massives de juin et octobre 2011 contre l'austérité supportée par le pays depuis deux ans avaient massé entre 50.000 et 100.000 personnes dans les rues de la capitale.

Le nouveau programme d'austérité, dont le contenu exact n'est pas encore connu, devrait notamment inclure une réduction de 22% du salaire minimum dans le cadre d'une déréglementation générale du marché du travail, la suppression dans l'année de 15.000 emplois publics et des coupes sur certaines pensions de retraite.

Après avoir annoncé jeudi un accord à l'arraché entre les trois partis de la coalition gouvernementale (socialiste, conservateur, extrême droite), le Premier ministre Lucas Papademos s'est trouvé confronté dès le lendemain à de profondes dissensions au sein de son équipe.

Le Premier ministre grec Lucas Papademos arrive à son cabinet pour une réunion le 10 février 2012 à Athènes. (Photo Menelaos Myrillas/AFP)

Vendredi, le gouvernement a enregistré la démission des quatre ministres d'extrême droite, ainsi qu'une ministre socialiste, portant à six le nombre de départs depuis le début de la semaine, en réaction à la sévérité du nouveau paquet de mesures.

Le quotidien Ta Nea (pro-gouvernemental) décrivait samedi une équipe ministérielle en pleine "crise de nerfs", jouant "un jeu dangereux".

L'accord qui doit sauver la Grèce de la faillite sera soumis dans la nuit de dimanche à lundi au vote des parlementaires qui n'auront pas à se prononcer sur un programme détaillé de mesures économiques mais devront donner mandat au Premier ministre et au ministre des Finances Evangélos Vénizélos pour signer avec les bailleurs du pays le plan qu'ils exigent de la Grèce.

En plus de cette procuration, les députés devront également voter sur l'accord d'effacement de 50% de sa dette que le pays a conclu avec ses créanciers privés et les modalités de recapitalisation des banques grecques.

Les débats débuteront vers 14h00 (12h00 GMT) au parlement.

Dans une intervention aux accents dramatiques devant le conseil des ministres vendredi, Lucas Papademos a mis en garde contre un risque de "chaos incontrôlé" sans accord parlementaire et prévenu que le pays se trouvait dans "un moment de responsabilité historique".

Si le pays renonçait aux efforts demandés par les bailleurs de fonds et acceptait un défaut de paiement désordonné, l'Etat serait "incapable de payer les salaires, les pensions et de maintenir des services de base comme les hôpitaux et les écoles" a-t-il prédit.

Les chefs des deux partis politiques restant au gouvernement (socialiste et conservateur) y sont également allés samedi de leur appel à la responsabilité, adjurant leurs députés de voter la rigueur, alors que plusieurs d'entre eux ont exprimé leurs réticences à cautionner un tour de vis supplémentaire.

Même sans le parti d'extrême droite Laos, qui ne compte que 16 députés, M. Papademos dispose encore d'une majorité confortable pour faire voter ce plan. Un remaniement ministériel est attendu lundi pour remplacer les quatre ministres du Laos, qui ont démissionné vendredi, selon les médias grecs.

Sans aval du parlement, la Grèce n'a aucune chance de recevoir le premier centime de l'aide européenne visant à lui éviter un défaut de paiement incontrôlé en mars lorsqu'elle devra rembourser une échéance de 14,5 milliards d'euros.

Les partenaires de la Grèce au sein de la zone euro lui ont signifié explicitement qu'elle devait consentir des mesures d'austérité supplémentaires à l'accord gouvernemental trouvé cette semaine pour que soit débloqué cet argent.

 

GRECE Une vielle dette nazie qui fait tache

Créé le 14-02-2012 à 15h23 - Mis à jour à 17h18     

 

 

Par Pascal Piedbois-Lévy

Une dette contractée de force par l'Allemagne nazie auprès de la banque nationale grecque et jamais honorée avive la rancœur des Grecs vis-à-vis de l'Allemagne.

 

 

A l'heure où la faim est redevenue une préoccupation importante pour certains Grecs, le nouveau plan d'austérité qui leur est imposé provoque la haine. Athènes s'embrase. Haine envers le gouvernement, qui semble prêt à tout accepter pour préserver sa crédibilité face à l'Europe "des puissants" et des "technocrates". Haine vis-à-vis de l'étranger, et en particulier de l'attitude du couple franco-allemand. Une attitude qui, aux yeux des Grecs, ressemble de plus en plus à du mépris. Et dans ce pays de "club med",  comme on le murmure sournoisement à Berlin, certains voient dans cette situation une occasion de ressortir les vieux dossiers.

   Et, d'un plan d'austérité à l'autre, le discours de certains militants, qui refont aujourd'hui les comptes, trouve un écho de plus en plus important dans la société grecque. Manolis Glezos fait partie de ceux-là. Ce héros national, 89 ans, figure mythique de la résistance grecque à l'occupation allemande – c'est lui qui, âgé de 19 ans, avait décroché le drapeau nazi de l'acropole – fût l'un des premiers à soulever un sujet potentiellement explosif : celui d'une dette. Une dette vieille de 71 ans, de l'époque ou l'Allemagne nazie occupait la Grèce et s'était servie dans la caisse sans penser un jour devoir rembourser.

 

Une dette jamais honorée

La Grèce fût incontestablement l'un des pays les plus touchés par la Seconde Guerre Mondiale. En avril 1941, le pays qui résiste à l'envahisseur italien, est mis à genoux par la Wehrmacht. Commence alors une occupation particulièrement violente. A cause des privations que l'armée allemande impose, on estime aujourd'hui à 300.000 le nombre de personnes mortes uniquement de la faim. Hitler oblige le pays à participer à "l'effort de guerre" allemand, et emprunte de force à la banque centrale grecque la somme de 476 millions de reichsmarks.

Le traité de Londres, signé en 1953, établit à 41 milliards de dollars le montant des réparations que l'Allemagne fédérale doit verser à la Grèce pour les dommages matériels et les pertes humaines. Mais le remboursement de "l'emprunt" de 1941 n'a lui jamais été effectué.

 

81 milliards d'euros

Les 476 millions de reichsmarks empruntés à la Banque de Grèce correspondent environ à 10 milliards d'euros. Avec un taux d'intérêt de 3% sur 71 ans, le montant de la dette allemande pourrait aujourd'hui s'élever à un peu plus de 81 milliards d'euros, soit un sixième de la dette publique grecque. Pas suffisant donc pour sortir le pays de toutes ses difficultés. Mais cela pourrait contribuer à améliorer sérieusement les finances du pays, à rassurer les marchés financiers et surtout, la rue.

Rien n'indique que l'Allemagne décide de rembourser sa dette. Mais cette nouvelle polémique, portée par les manifestants, risque de détériorer les relations entre Berlin et Athènes.

 Par Pascal Piedbois-Lévy

 

 

 

 



17/02/2012

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