Nous mentirait-on?

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ESPAGNE: Des lois liberticides contre les manifestants

 

Sous prétexte d’endiguer les débordements violents des derniers mouvements sociaux, le gouvernement veut durcir le Code pénal.

 

19.04.2012

 

CConscient que les coupes budgétaires et la réforme du travail peuvent déclencher des mouvements de protestation semblables à ceux des Indignés du 15 mai [2011], des étudiants du “printemps de Valence” [en février 2012 : révolte estudiantine dans cette ville du Sud-Est] ou de la grève générale du 29 mars [qui a fait une centaine de blessés au cours de manifestations à Barcelone], le gouvernement de Mariano Rajoy a décidé d’anticiper. L’exécutif va réformer “en profondeur” le Code pénal, le Code de procédure pénale et la loi sur la sécurité urbaine. Le ministre de l’Intérieur, Jorge Fernández Díaz, a déclaré que le durcissement était indispensable pour lutter contre la “spirale de violence” des “collectifs antisystème” qui utilisent des “techniques de guérilla urbaine”. Mais, au-delà du contrôle des éléments violents, c’est toute une série de lois liberticides qui va être mise en place. L’ensemble des mesures annoncées ces derniers jours vise à renforcer l’autorité de l’Etat. Le durcissement des sanctions à l’égard des violences urbaines, semblables à la législation antiterroriste conçue pour les cas de kale borroka [guérilla urbaine des jeunes indépendantistes] au Pays basque, résulterait directement des affrontements qui ont eu lieu à Barcelone lors de la grève générale du 29 mars. Il faut que les “gens craignent davantage l’Etat”, n’a pas hésité à dire le ministre de l’Intérieur du gouvernement autonome catalan, Felip Puig.

Pour autant, la violence ne serait qu’un alibi des conservateurs. Ils souhaitent notamment qualifier “la résistance passive ou active à grande échelle” comme un délit d’“atteinte à l’autorité”. La référence aux grandes mobilisations estudiantines de Valence et au mouvement des Indignés est incontestable. Avec cette législation, toute personne se rendant à un rassemblement des Indignés, souvent organisé à la dernière minute et sans l’aval des autorités, pourrait être condamnée. La participation aux mobilisations deviendra répréhensible ; la diffusion sur Internet et les réseaux sociaux d’appels à des manifestations “violentes” et susceptibles de “menacer l’ordre public” sera également punie et considérée comme un “délit d’appel à rejoindre une organisation criminelle”. Les appels à des rassemblements non autorisés par les autorités, comme ceux qui ont eu lieu le 15 mai et les jours suivants à la Puerta del Sol à Madrid, en feront partie.

 

Les comportements menaçants, comme le fait de lancer des objets dangereux, seront désormais ajoutés à la liste des motifs considérés comme une agression contre les forces de l’ordre. Si ces attitudes violentes se produisent lors de manifestations ou de grands rassemblements, cela constituera une circonstance aggravante. Pénétrer dans un établissement public ou en interdire l’accès constituera un trouble à l’ordre public, tandis que les dégradations de ces établissements, ainsi que l’interruption des services publics seront plus sévèrement punies. Pour le ministre de l’Intérieur, “il ne s’agit pas seulement de réagir juridiquement aux initiatives de guérilla urbaine qui prolifèrent dans nos villes”, mais de refuser l’“angélisme juridique”. Le Code pénal espagnol est pourtant déjà l’un des plus répressifs d’Europe.

 

source:presseeurope



02/05/2012

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