Nous mentirait-on?

Nous mentirait-on?

Dead Europe. Pas de crise économique mais une crise morale, culturelle, intellectuelle et spirituelle en Occident

 

 

Il n’y a pas de crise économique. Si vous croyez que l’économie est en crise, c’est parce que vous regardez trop les infos et que vous n’observez pas le monde qui vous entoure. On ne va pas se prendre la tête pour quelques chiffres qui indiquent une récession au sens technique du terme. Perdre 0.3 point de PIB, ce n’est pas un drame. Néanmoins, quelques pays sont sévèrement malmenés, la Grèce qui va vers une dépression, et le Portugal mal barré. A part ça, dans cette Europe plutôt riche, il y a beaucoup de pauvreté. Ce n’est pas acceptable et si crise il y a, elle est sociale. Et si elle est sociale, c’est parce qu’elle repose sur une crise morale, et si elle est morale, c’est parce qu’elle dépend d’une crise spirituelle, de là où partent deux autres crises, intellectuelle et culturelle. On retrouve le triptyque philosophique avec la logique, l’éthique et l’esthétique, pendants catégoriels des crises intellectuelle, morale et culturelle. Que l’on peut traduire sommairement et avec exagération en disant que le monde ment et se trompe, le monde est injuste, il ne va pas bien, le monde est laid, grossier et vulgaire. Ce qui n’a aucun rapport direct avec la fréquentation des stations de ski confirmant l’absence de crise économique. Et des signes d’une absence de crise économique, il y en a des tonnes !

 

Tout aussi sommaire et lapidaire sera l’explication de cette crise qui tient en une chose, la corruption, étant entendu que cette corruption ne se réduit pas à des faits contraires au droit mais aussi à des phénomènes de société où la quête de l’argent, le souci des plaisirs faciles, place les individus dans une position où ils font de moins en moins « société » et où ils s’écartent des principes de la civilisation. Les corruptions et les cupidités, elles parviennent à émerger comme conséquences financières des dettes souveraines, affectant plus ou moins la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. C’est un fait tellement connu, avéré que plus personne ne semble en mesure de lutter contre une corruption qui s’inscrit comme un mode d’existence normal. Les piliers de bistrot s’en amusent mais les réalités sont plus inquiétantes si on note l’avancement d’une corruption dite organisée, brassant des centaines de milliards d’euros et même davantage. Avec des organisations basées sur le crime, les affaires illicites, les trafics de toutes natures sous réserve que la « nature » en question puisse représenter une valeur d’échange élevée sur le marché parallèle.

 

Amour de l’argent, plaisirs faciles, corruptions, sont allés de pair avec le travail placé au centre de l’existence pour diverses raisons, la première étant évidemment les revenus qui en résultent, mais aussi un certain sentiment d’accomplissement mais la « valeur travail » du temps de Pétain a pratiquement disparu. Ce processus sociologique date d’au moins trois décennies. Disons que cela a commencé à la fin des années 1970. A la fin des années 1980, la crise spirituelle était lancée. Une crise que l’on ne perçoit guère puisqu’elle ne heurte pas les consciences, qu’elle est durablement installée et qu’elle ne produit pas d’effets notables sur le monde matériel. Le développement des valeurs de civilisation et des œuvres de l’esprit ne se fait pas dans les masses mais au sein de cercles spéciaux, ou bien d’individus distingués, tandis qu’une classe éclairée sait les recevoir et rendre aux créateurs justice à leur travail, un revenu mérité et une reconnaissance justifiée. Le tournant pris dans les années 1980 se dirige dans une voie opposée. Développement de la culture de masse. Les médias ont viré vers la médiocrité. Les gens les mieux récompensés ne sont pas ceux qui élèvent la civilisation mais ceux qui souvent sont des arnaqueurs du mérite, des producteurs de vulgarités, des opportunistes, des narcissiques, des carriéristes, des faussaires, des tricheurs. On voit le résultat. Avec une recherche scientifique qui ne trouve plus, une université fermée à la nouveauté, un monde de l’édition en perte de qualité, une éducation qui ne remplit plus ses missions et des politiques qui se ferment sur la sécurité. Finalement, le souci de la civilisation n’habite plus les individus dont le seul souci est de maximiser leur plaisir et d’aller chercher ce qui leur permettra une réussite matérielle. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer l’étudiant moyen fâché avec les livres savants. Symbole édifiant que cette suppression de l’épreuve de culture générale à Science Po, événement qu’une presse facile a interprété comme un souci d’égalité. Rien à voir mais du côté du foot, l’inflation des salaires et du chiffre d’affaire des clubs mérite quelque réflexion. Je serai superficiel, mettant en parallèle le salaire d’un type qui tape dans un ballon et celui d’un chercheur qui du reste, sera congédié s’il est inventif. La société aura les inventions qu’elle mérite. Que le chercheur ne compte que sur sa foi et ses vertus, car les imbéciles moyens ne lui seront d’aucun secours mais ils seront les premiers à se précipiter pour bénéficier des applications. Dieu merci, le chercheur n’est pas un gnostique comme les hérétiques albigeois, sinon il plierait boutique en pensant, mort aux cons, aux sous-hommes et que l’humanité crève car son royaume est un camp de la mort. Ce qui n’est pas entièrement faux, la culture de l’Occident étant devenue complice d’une certaine « culture de la mort ». Nietzsche aurait dit nihilisme.

 

La société de masse n’est pas l’alliée de la civilisation mais sa négation. Des gens payants 40 euros pour voir un type qui n’a jamais composé la moindre œuvre lever les mains au ciel en passant des disques sur une platine. C’est le signe d’un stade avancé de décomposition spirituelle et l’hérétique gnostique se dit que bientôt, les gens iront dans des camps de la mort après avoir payé l’entrée 40 euros. L’homme de masse est devenu con à un point qu’on ne peut imaginer. François Hollande n’a pas raté sa campagne, bien au contraire, c’est un exploit que d’être arrivé au pouvoir dans cette France qui se vautre dans le naufrage des valeurs et de la civilisation et qui croit que le devoir est de travailler. Le premier devoir du citoyen est de s’instruire et s’éclairer ! La grande chaîne de l’héritage des valeurs semble rompue une fois de plus. L’Europe n’est plus qu’une enseigne commerciale. D’ailleurs, la première destination des Allemands venus de l’Est lors de la chute du mur ont a été le centre commercial.

 

Ces mots d’un sociologue italien parlant du Nord de son pays : « Le travail est devenu la nouvelle religion. Je crains que nous n’allions au devant de graves problèmes, et pas seulement économiques. Parce que, si le travail est tout, si c’est le succès économique qui apporte la satisfaction, le jour où le développement ralentira, les répercussions ne seront pas uniquement économiques, mais aussi psychologiques » (lu dans CI daté du 03/05/12). Des entrepreneurs italiens se suicident parce que le travail est leur seule valeur.

 

L’Europe va vers son lent suicide mais qui sera différent de celui de 1914-1945. Il n’y a pas d’issue car le monde matériel a ensorcelé les esprits, les coupant des racines naturelles et divines de l’humanité.

 

source:agoravox



10/05/2012

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