Nous mentirait-on?

Nous mentirait-on?

Banque mondiale

 

 

Site web              http://www.banquemondiale.org/

 

 

La Banque mondiale (parfois abrégée BM) regroupe deux institutions internationales : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et l’Association internationale de développement (AID, ou IDA), créées pour lutter contre la pauvreté en apportant des aides, des financements et des conseils aux États en difficulté.

Le groupe de la Banque mondiale est quant à lui un ensemble de cinq établissements.

Son siège est à Washington.

Le président est élu pour cinq ans par le Conseil des Administrateurs de la Banque.

Elle fait partie des institutions spécialisées du système de l'Organisation des Nations unies (ONU).

Elle publie tous les ans une contribution sur un thème du développement dans son World Development Report.

 

Histoire

Elle fut créée le 27 décembre 1945 sous le nom de Banque internationale pour la reconstruction et le développement après signature de l'accord Bretton Woods du 1er au 22 juillet 1944.

Le 9 mai 1947, elle approuva son premier prêt, qui fut accordé à la France pour un montant de 250 millions de dollars (en valeur actualisée, il s'agit du plus gros prêt consenti par la Banque).

La Banque mondiale a été créée principalement pour aider l'Europe et le Japon dans leur reconstruction, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais avec le mouvement de décolonisation des années soixante, elle se fixa un objectif supplémentaire, celui d'encourager la croissance économique des pays en voie de développement africains, asiatiques et latino-américains.

Au départ, la Banque mondiale a principalement financé de grands projets d'infrastructures (centrales électriques, autoroutes, aéroports…).

  Avec le rattrapage économique du Japon et de l'Europe, la Banque mondiale s'est intéressée exclusivement aux pays en développement.

 Depuis les années 1990, elle finance aussi les pays postcommunistes.

L'appellation Groupe de la Banque mondiale désigne depuis juin 2007 cinq institutions :

la plus importante est la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), son fonctionnement est assuré par le versement d'une cotisation réglée par les États membres,

l'Association internationale de développement (AID), fondée en 1960, ses prêts sont réservés aux pays les moins développés,

la Société financière internationale (SFI), fondée en 1956, pour financer les prêts et les investissements réalisés par les entreprises dans les pays à risque,

le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), fondé en 1966,

l'Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI), fondée en 1988, pour la sécurisation des prêts.

Les objectifs de la Banque mondiale ont évolué au cours des années.

Elle a récemment mis l'accent sur la réduction de la pauvreté, en délaissant l'objectif unique de croissance économique.

Elle favorise aussi la création des très petites entreprises.

Elle a soutenu l'idée que l'eau potable, l'éducation et le développement durable sont des facteurs essentiels à la croissance économique, et a commencé à investir massivement dans de tels projets.

En réponse aux critiques, la Banque mondiale a adopté une série de politiques en faveurs de la sauvegarde de l'environnement et du social, visant à s'assurer que leurs projets n'aggravaient pas le sort des populations des pays aidés.

   En dépit de ces politiques, les projets de la Banque mondiale sont souvent critiqués par les organisations non gouvernementales (ONG) pour ne pas lutter efficacement contre la pauvreté, et négliger les aspects sociaux et environnementaux.

Selon la charte fondatrice, les prêts sont versés en fonction de considérations purement économiques, le régime politique du pays bénéficiaire n'étant pas pris en compte.

Ce dernier point a cependant évolué depuis les années 2000: « L'idée selon laquelle des aides ne devraient être accordées à un pays en difficulté que sous certaines conditions relatives à l’utilisation de cette aide (en termes de bonne gestion, mais aussi de respect des droits de l’homme, par exemple) est maintenant largement admise. »

 

La BIRD compte actuellement 187 pays membres.

Chaque année, elle publie un Rapport sur le développement dans le monde chargé de rendre compte des résultats obtenus.

En février 2009, un rapport d'audit interne a indiqué que des employés de la banque avaient autorisé l'injection de fonds dans un projet immobilier en Albanie, mais que les informations qu'ils avaient utilisées étaient incomplètes ou sciemment faussées. Ce rapport a mis à jour différentes procédures fautives de la banque.

 

Rôles

Son action est aujourd'hui principalement orientée vers les pays en voie de développement (PVD), et en particulier les pays les moins avancés (PMA), sur des axes comme l'éducation, l'agriculture, l'industrie, la santé,...

Elle accorde des prêts à des taux préférentiels à ses pays membres en difficulté. En contrepartie, elle réclame que des dispositions politiques (appelées « politiques d'ajustement structurel ») soient prises pour, par exemple, limiter la corruption, maintenir un équilibre budgétaire ou faciliter l'émergence d'une démocratie.

En plus des prêts accordés, elle finance également (directement ou indirectement) des projets d'ONG, et conduit de nombreuses recherches en rapport avec le développement de chaque pays. Ainsi, c'est la Banque mondiale qui mesure l'Indicateur de développement humain (IDH) dans différents pays et zones géographiques, ou qui conduit avec l'Unicef des études thématiques sur l'eau et l'assainissement.

 

Fonctionnement de l'IDA

La Banque mondiale compte environ 10 000 employés dont environ la moitié travaillent sur des projets de l'IDA.

Elle fonctionne en cycles triennaux (campagnes de trois ans) et distribue ses fonds sous forme de dons à hauteur de 20%, le reste prenant la forme de prêts sans intérêt, mais avec une commission de 0,75 %7.

Pour le cycle 2005-2008, la Banque mondiale a versé 17,7 milliards de dollars (soit 12,2 milliards d’euros) aux pays en développement.

Les bailleurs de fonds les plus importants étaient les États-Unis (13,8 % du total), le Royaume-Uni (13,2 %), le Japon (12,2 %), l'Allemagne (8 %) et la France (7,1 %).

Le cycle 2008-2011, le 15e, baptisé « IDA 15 » doit verser 41,6 milliards de dollars (soit 28,8 milliards d'euros).

Pour la première fois, la Chine est devenue contributeur, et le Royaume-Uni est passé devant les États-Unis comme premier bailleur de fonds. L'argent doit permettre de construire de nouvelles infrastructures (routes, égouts, réseaux électriques, écoles) ou encore financer des opérations de microcrédit.

Les prêts s'adressent aux pays dont le PIB/hab. est inférieur à 1085 dollars. Pour le cycle IDA 14, les cinq premiers emprunteurs étaient l’Inde, le Pakistan, le Nigeria, le Viêt Nam et l’Éthiopie. Au total, en 2008, 45 États sont donateurs (dont la Chine et l’Afrique du Sud) alors que 80 États peuvent emprunter des fonds à l’Association Internationale de Développement.

 

 

Présidence

Selon une règle tacite, le directeur du FMI est désigné par les gouverneurs européens alors que le président de la Banque mondiale est désigné par le gouvernement américain, les États-Unis étant le principal actionnaire de la Banque mondiale. Il est élu pour un mandat de 5 ans, renouvelable, par le conseil d'administration.

Depuis le 23 mars 2012, Jim Yong Kim est désigné président de la Banque mondiale. Il prendra ses fonctions à partir du 1er juillet 2012, succédant à Robert Zoellick.

 

Liste des présidents

Eugene Meyer (juin 1946 - décembre 1946)

John J. McCloy (mars 1947 – juin 1949)

Eugene R. Black. Sr (1949 – 1963)

George D. Woods (janvier 1963 – mars 1968)

Robert McNamara (avril 1968 – juin 1981)

Alden W. Clausen (juillet 1981 – juin 1986)

Barber B. Conable (juillet 1986 – août 1991)

Lewis T. Preston (septembre 1991 – mai 1995)

James Wolfensohn (juin 1995 - mai 2005)

Paul Wolfowitz (1er juin 2005 - 30 juin 2007)

Robert Zoellick (1er juillet 2007 - 30 juin 2012)

Jim Yong Kim (Prendra ses fonctions dès le 1er juillet 2012)

 

Critiques

L'action de la Banque mondiale est souvent critiquée, cependant pour deux raisons opposées. D'une part, les gouvernements en place rebutent à prendre des mesures anti-corruption et à organiser de véritables élections.

D'autre part, les mouvements altermondialistes accusent la Banque Mondiale de répondre davantage aux exigences des multinationales qu'à celles des populations locales.

« Des crises de légitimité engendrent des projets de réforme, tant à l’ONU qu’au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale. Elles ont pour point commun une demande de transparence et de démocratie, d’une part, et une remise en cause des finalités et des modes d’intervention de ces organisations, d’autre part. »

 

Influence des États-Unis

Beaucoup considèrent la Banque mondiale comme étant sous l'influence politique des États-Unis, entre autres à cause de la règle tacite qui donne au gouvernement américain le choix du président de l'Institution, alors que les Européens bénéficient réciproquement de la présidence du FMI. Joseph Stiglitz a reproché aux pays européens de se satisfaire de cette répartition et donc d'être responsables indirectement de la mauvaise période traversée par la Banque mondiale.

 

Annonce sans suite du retrait du Venezuela

Le 1er mai 2007, le président du Venezuela, Hugo Chavez a annoncé son intention de retirer son pays de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international9 avec ces mots: « Il vaut mieux que nous en sortions avant qu'on nous ait pillés » et après avoir procédé en 2006 au remboursement total de la dette extérieure vénézuélienne. Au 15 avril 2011, ce retrait n'est pas effectif.

 

 

Affaire Wolfowitz

Héros de la lutte anticorruption dans les pays en développement, Paul Wolfowitz a été impliqué dans une affaire de favoritisme au sein de la Banque mondiale concernant Shaha Riza, une collaboratrice avec qui il entretenait une liaison, et a dû démissionner en juin 2007, deux ans après sa nomination.

 

Nomination de Robert Zoellick

Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'économie et ancien responsable de la Banque mondiale, estime que la nomination de Robert Zoellick « est dans la continuité de celle de Paul Wolfowitz, dont le mandat a été « une catastrophe » ».

Pascal Lamy souligne cependant « son talent d'artisan du consensus et sa capacité de tendre la main aux pays en développement ».

Zoellick est considéré comme plus pragmatique que son prédécesseur, conservateur mais pas néo-conservateur, et un fervent partisan de l'ouverture des marchés. Il demeure « la bête noire » des altermondialistes.

 

 

Paul Wolfowitz

 

 

Paul Wolfowitz

Paul Dundes Wolfowitz, né le 22 décembre 1943 à New York, est un homme politique américain, secrétaire adjoint à la Défense entre 2001 et 2005 dans le gouvernement de George W. Bush.

Il a été président de la Banque mondiale le 1er juin 2005 et a posé sa démission le 17 mai 2007 suite à son implication dans une affaire de népotisme. Il a quitté ses fonctions le 30 juin 2007.

 

Biographie

Né à New York, Paul Wolfowitz est le fils du mathématicien juif polonais Jacob Wolfowitz, lui-même immigré aux États-Unis en 1920 alors qu'il n'était âgé que d'une dizaine d'années.

Paul Wolfowitz fait d'abord des études de physique-chimie avant de se tourner vers les sciences politiques à l'université de Chicago. Il est alors politiquement un jeune trotskiste.

  C'est à l'université Cornell, où enseigne son père, que Paul Wolfowitz rencontre le professeur Allan Bloom, un des disciples du théoricien Leo Strauss et référence des néo-conservateurs.

Auprès de Bloom, Wolfowitz devient lui-même un disciple de Strauss et rejette la philosophie du relativisme alors en vogue dans les années 1960 et qui nierait la « légitimité universelle des valeurs américaines et s'accommoderait de la tyrannie ».

À l'université de Chicago, c'est auprès d'Albert Wohlstetter, théoricien de la stratégie nucléaire, que Wolfowitz rédigea sa thèse sur le danger de prolifération nucléaire au Moyen-Orient.

En 1972, Wolfowitz entame une carrière dans l'administration fédérale américaine.

On le retrouve aussi bien auprès des démocrates comme Dean Acheson qu'auprès de républicains.

Il s'oppose dès le début à la realpolitik de Henry Kissinger et entre au Pentagone en 1977 sous l'administration de Jimmy Carter.

Il souligne dès cette époque le facteur d'instabilité régionale causé par l'Irak de Saddam Hussein, alors que le gouvernement de Carter veut en faire un contrepoids à l'Iran de l'ayatollah Khomeiny1.

Le démocrate Wolfowitz est déçu par l'administration de Jimmy Carter et c'est avec enthousiasme qu'il accueille la victoire de Ronald Reagan en novembre 1980. Celui-ci incarne mieux à ses yeux son idéal démocratique.

Entre 1982 et 1985, il se retrouve assistant du secrétaire d'État pour l'Asie de l'Est et le Pacifique dans le gouvernement de Reagan.

  C'est à cette fonction qu'il organise la transition politique des Philippines après le renversement de Ferdinand Marcos, ancien allié des États-Unis.

En 1986, il est nommé ambassadeur en Indonésie où il s'ouvre à la civilisation islamique.

De 1989 à 1993, sous la direction de Dick Cheney, il est sous-secrétaire à la Défense chargé de la planification, où il élabore une nouvelle définition de la stratégie et de l'organisation de la force militaire américaine après la fin de la guerre froide.

En 1991, Paul Wolfowitz organise le financement de la guerre du Golfe et parvient à convaincre Israël de ne pas intervenir militairement pour maintenir la cohérence interne de la coalition qui comprend de nombreux pays arabes. Il prêcha également mais sans succès la loyauté envers les chiites du Sud et les Kurdes du Nord de l'Irak que le gouvernement américain a poussé à se révolter contre Saddam Hussein.

Durant la présidence de Bill Clinton, Paul Wolfowitz est doyen de l'École d'études internationales avancées de l'université Johns-Hopkins à Washington DC de 1994 à 2001.

Le quotidien israélien anglophone The Jerusalem Post l'élut l'homme de l'année 2003.

 

Rôle auprès de l'administration Bush

En février 2001, il est nommé par George W. Bush au poste de secrétaire adjoint à la Défense, sous les ordres de Donald Rumsfeld.

   C'est à ce poste qu'il se fait l'artisan et l'ardent défenseur du renversement du régime de Saddam Hussein et de l'invasion militaire de l'Irak dès le lendemain des attentats du 11 septembre 2001.

Il a en outre qualifié les événements du 11 septembre d'opportunité pour la mise en place d'une nouvelle donne géopolitique au Moyen-Orient.

Catalogué comme un des plus radicaux des néo-conservateurs, il est chargé de trouver les justifications juridiques de l'invasion de l'Irak et est considéré comme le principal responsable des déconvenues de l'armée américaine notamment dans sa recherche des armes de destruction massive.

  Il affirmait alors que « les revenus du pétrole irakien au cours des deux ou trois prochaines années allaient apporter 50 à 100 milliards de dollars, qui viendraient rembourser la propre reconstruction du pays et plus encore ».

Le 15 avril 2002, devant des supporters d'Ariel Sharon lors d'une réunion publique à Washington DC, il reconnaît, sous les huées, les souffrances endurées par le peuple palestinien sous occupation israélienne.

Le 26 octobre 2003, au cours d'une visite à Bagdad, il échappe de justesse à un attentat. Une trentaine de roquettes sont tirées contre l'hôtel Al Rachid où il loge.

   Un colonel américain meurt au cours de cette attaque et dix-sept autres personnes sont blessées. Paul Wolfowitz est indemne.

Il met en place le Threat and Local Observation Notice (TALON) en 2004, qui recense, entre autres, des manifestants opposés à la guerre en Irak.

  En janvier 2005, il s'engage personnellement dans le déploiement de l'aide américaine aux victimes du tremblement de terre du 26 décembre 2004, en particulier en Indonésie.

L'ex-fonctionnaire américain s'est, durant son mandat, opposé à la chaîne qatarie Al Jazeera en faisant pression sur le gouvernement du Qatar d'en changer la ligne éditoriale.

 

 

Rôle à la Banque mondiale

En mars 2005, George W. Bush préfère l'éloigner de son administration en lui offrant une promotion, la succession de James Wolfensohn à président de la Banque mondiale (en règle générale, celle-ci est laissée aux États-Unis quand le Fonds monétaire international est laissé aux Européens). Il devrait son élection au soutien des Européens, qui l'acceptèrent en échange de la nomination de Pascal Lamy à la tête de l'OMC.

Il a fait l'objet de vives critiques au sein de la Banque mondiale pour s'être entouré de collaborateurs venus avec lui du Pentagone et de la Maison blanche.

   Il a par exemple nommé l'ancien porte-parole du vice-président des États-Unis Dick Cheney, Kevin Kellems au poste de directeur de la stratégie de la communication.

Dès son entrée en fonction en juin 2005, Paul Wolfowitz va dresser une liste de pays en voie de développement à privilégier et confirme l'Afrique comme zone prioritaire.

 

Crise tchadienne

Le 29 décembre 2006 l’Assemblée nationale tchadienne, sous la présidence de Idriss Déby adopte plusieurs amendements à la loi sur le pétrole de 1999.

   À la suite de cette modification, Paul Wolfowitz, alors président de la Banque mondiale, annonce l’arrêt des programmes de financement au Tchad, soit 124 millions de dollars.

  La Banque mondiale conteste certains des amendements opérés tels la suppression du fonds pour les générations futures, l'inclusion de la sécurité et de l’administration comme secteur prioritaire ainsi que l'augmentation de la part revenant au Trésor.

À la demande du département d'État il abandonnera la lutte contre la corruption au Tchad pour permettre à cet État d'utiliser l'argent du pétrole pour contrer les attaques venues du Soudan.

 

Planning familial en Afrique

Juan Jose Daboub, un haut fonctionnaire proche de Paul Wolfowitz aurait ordonné que toute référence au Planning familial soit effacée du plan d’assistance à long terme concernant Madagascar.

 

 

Affaire Wolfowitz à la Banque mondiale

Héraut de la lutte anti-corruption dans les pays en développement, Paul Wolfowitz a été impliqué dans une affaire de favoritisme au sein de la Banque mondiale concernant Shaha Riza, une collaboratrice avec laquelle il entretenait une liaison.

En 2003, selon l'association américaine luttant contre la corruption dans les administrations publiques Government Accountability Projet, Paul Wolfowitz, alors secrétaire à la Défense, aurait insisté pour que Shaha Riza obtienne un contrat de consultant pour une firme de conseil privée entre mars et mai 2003, au moment du déclenchement de la guerre et ce alors qu'elle travaillait pour la Banque mondiale.

Trois mois après son arrivée à la tête de la Banque mondiale en 2005, Paul Wolfowitz obtenait un poste au département d'État pour son amie Shaha Riza. Ex-responsable de la communication de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient, elle restait néanmoins encore payée par la Banque mondiale.

Lors de ce transfert, elle aurait reçu, selon des documents internes révélés par la presse, une promotion et plus de 60 000 dollars d'augmentation de salaire portant ses émoluments à quelque 200 000 dollars par an.

  Lors de son retour à la Banque mondiale, elle bénéficierait également de promotions la portant, à terme, au grade de vice-président.

Le Financial Times a révélé le 12 avril 2007 que c'est Paul Wolfowitz lui-même qui avait ordonné les augmentations.

Lorsque Paul Wolfowitz est nommé au poste de président de la Banque mondiale, sa liaison avec Shaha Riza, une cadre de la banque, est contraire à la charte éthique de l'institution.

Il en informe immédiatement les directeurs mais le comité d'éthique refuse la solution qu'il propose, laisser les choses en place en se voyant retirer tout pouvoir de décision concernant le salaire et la position de la collaboratrice.

La commission propose au contraire de donner un poste à Mme Riza hors de la banque, seul moyen de la mettre « à l'abri » de l'autorité de son président, et de lui donner une promotion pour compenser cet accident de carrière.

   Mais ils laissent au président le soin de régler les détails de cette recommandation, salaire compris.

   Aussi, le conflit naît non du principe de l'augmentation de salaire mais de son montant, qui revient à une augmentation annuelle de 8 % au lieu des 3,7 % habituels.

Concernant les accusations de népotisme, Paul Wolfowitz a déclaré qu'elles étaient une campagne de dénigrement menée par des opposants à l'intervention en Irak, et à sa lutte contre la corruption dans les pays en voie de développement.

Son conseiller Kevin Kellems avait assuré que les augmentations de salaires octroyées à Mme Riza sur ordre de Paul Wolfowitz – portant le salaire de l'intéressée à près de 200 000 dollars par an – avaient reçu l'assentiment du conseil d'administration (de septembre 2005).

  Pourtant le 13 avril 2007, les administrateurs de la Banque mondiale ont démenti cette affirmation et appelé à la démission le président de la Banque mondiale, dont le mandat n'expirait normalement qu'en 2010.

Lui est également reproché le recrutement de deux collaborateurs de la Maison Blanche (dont Kevin Kellems) sans expérience sur les questions de développement, avec des appointements supérieurs à 200 000 dollars par an.

 

Le 20 avril 2007, afin de l'aider dans sa défense, il engage Robert Bennett, avocat célèbre ayant défendu l'ancien président des États-Unis d'Amérique Bill Clinton lors de l'affaire Paula Jones ainsi que la journaliste américaine Judith Miller lors de l'affaire Valerie Plame.

 

Le 7 mai 2007 l'un de ses plus proches conseillers, l'ancien journaliste Kevin Kellems donne sa démission. À la Banque mondiale, il était responsable de l'image du président et avait assuré à la presse que Paul Wolfowitz avait reçu l'aval du conseil d'administration avant de décider l'augmentation du salaire de Shaha Riza.

 

Paul Wolfowitz accepte finalement, le 17 mai 2007, de renoncer à ses fonctions, qu'il quittera le 30 juin 2007, au terme d'une longue crise. Certains, au sein même de son entourage, n'hésitaient pas à dire que son action a « complètement sapé les principes de bonne gouvernance ».

Robert Zoellick, l'ancien numéro deux du département d'État américain, a été choisi par le président Bush pour lui succéder.

  

 

 

 

 

 

Portrait officiel du Président du Groupe de la Banque mondiale, Robert Zoellick.

 Né le 25 juillet 1953, est un avocat et un homme politique américain.

Il est depuis le 1er juillet 2007 président de la Banque mondiale, dont il quittera le poste le 30 juin 2012.

Représentant spécial des États-Unis pour le Commerce du 7 février 2001 au 22 février 2005, secrétaire d'État adjoint auprès de la secrétaire d'État Condoleezza Rice dans le gouvernement du président George W. Bush de janvier 2005 à juillet 2006.

 

Fin mai 2007, il devient le candidat de George W. Bush au poste de Président de la Banque mondiale, en remplacement de Paul Wolfowitz, poussé à la démission pour népotisme. La nomination à ce poste est approuvée par le conseil des directeurs de la Banque mondiale le 25 juin 2007.

 

Il fait partie du cercle intime des conseillers en politique internationale de Georges W. Bush, surnommé par Condoleezza Rice « les Vulcains » (du nom du dieu Vulcain, la divinité du feu et du métal), et auquel appartient aussi Paul Wolfowitz, Richard Armitage, Richard Perle, Stephen Hadley, Dov Zakheim et Robert Blackwill, « tous vétérans des administrations Reagan et Bush père et pour la plupart associés au mouvement de pensée néoconservateur ».

Robert Zoellick est un républicain, libéral convaincu au sens européen. Il est partisan du multilatéralisme et du libre-échange économique. Il affiche une grande expérience à la fois dans le domaine de la diplomatie et dans celui du commerce international.

 

Origines et études

Robert Zoellick est né à Naperville dans l'Illinois où il passa son enfance et son adolescence.

Il est diplômé en droit et en politiques publiques de l'université Harvard en 1981.

 

Une grande carrière au sein des administrations américaines

Il présente une impressionnante carrière au sein des administrations américaines qui l'ont amené à travailler d'abord au département du Trésor entre 1985 et 1988 où il fut entre autres le conseiller de James Baker et le vice-secrétaire adjoint aux institutions financières.

Durant le mandat de George Bush, il est d'abord sous-secrétaire à l'Agriculture et aux Affaires économiques, et conseiller du département d'État.

C'est ainsi que Zoellick a participé aux négociations de la réunification allemande, au traité de libre-échange de l'Amérique du Nord (l'ALENA), et aux négociations qui ont conduit à l'entrée de la République populaire de Chine et de Taïwan dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

En 1991 et 1992, il est le représentant personnel du président Bush aux sommets économiques du G7.

En août 1992, il devient le chef de cabinet de la Maison Blanche.

En 1993, il quitte le gouvernement pour devenir vice-président exécutif de la "Federal National Mortgage Association".

En 1997, il est professeur à l'Académie navale des États-Unis et conseiller aux affaires internationales de la banque Goldman Sachs.

En 1998, au côté de Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Richard Perle, Elliott Abrams, Zalmay Khalilzad, John R. Bolton, Richard Armitage, William Kristol entre autres, il est un des signataires de la lettre du Project for the New American Century envoyé à Bill Clinton et l'appelant au renversement de Saddam Hussein.

Durant la campagne électorale de 2000, au côté notamment de Condoleezza Rice, il est conseiller aux Affaires étrangères du candidat républicain George W. Bush et seconde l'ancien secrétaire d'État James Baker lors du recompte des voix en Floride à l'issue de l'élection présidentielle de 2000.

 

 

Représentant du commerce

De 2001 à 2005, il est le représentant spécial américain pour le commerce où il gère plusieurs dossiers sensibles, comme le différend Boeing-Airbus ou encore les OGM, n'hésitant pas à s'adresser à l'OMC pour trancher les litiges avec ses partenaires européens.

 

 

Secrétaire d'État adjoint

Considéré comme « l'un des hommes politiques américains les plus expérimentés et les plus talentueux de sa génération en matière de diplomatie, d'économie et de sécurité nationale  », selon Harlan Ullman, du Centre d'études stratégiques internationales, il est choisi par Condoleezza Rice pour la seconder au Département d'État, par préférence à John R. Bolton, néo-conservateur proche de Dick Cheney. Robert Zoellick succède ainsi au secrétaire d'État adjoint Richard Armitage.

Auprès de Condolezza Rice, entre janvier 2005 et juin 2006, Zoellick mène les négociations autour de la crise du Darfour.

Il impose rapidement entre le gouvernement du Soudan et une faction du Mouvement de libération du Soudan (MLS), l’accord de paix d’Abuja, le 5 mai 2006, qui reste controversé puisqu’il n’intègre pas les autres mouvements rebelles.

Le 19 juin 2006, il annonce sa démission du poste de secrétaire d'État adjoint pour rejoindre la banque Goldman Sachs où il est nommé vice-président du conseil d'administration chargé des questions internationales.

Il quitte le département d'État le 7 juillet 2006.

 

La Banque mondiale

En mai 2007, il est proposé par George W. Bush pour succéder à Paul Wolfowitz à la tête de la Banque mondiale.

L'une de ses premières tâches sera de s'occuper du sort de Shaha Riza, la compagne de Wolfowitz qui a indirectement provoqué la chute de ce dernier. Son élection est confirmée le 25 juin 2007 par le conseil d´administration de la banque, son mandat débutant le 1er juillet 2007.

A la veille du sommet des chefs d'Etat du G20 de Séoul de novembre 2010, il a préconisé de faire jouer à l'or un rôle plus important comme valeur internationale pour stabiliser le système des changes.

 

Robert Zoellick promet de "calmer les choses" à la Banque mondiale

 

Le Monde.fr  31.05.2007

 Robert Zoellick, tout juste nommé par George W. Bush pour devenir président de la Banque mondiale, a reconnu, mercredi 30 mai, qu'il existait actuellement beaucoup "d'anxiété, de frustration" dans cette institution, qui vivait une "période traumatique" suite à la démission de l'actuel président, Paul Wolfowitz.

 

"Je pense que l'une des tâches sera de calmer les choses mais aussi de tenter d'avoir une idée, tous ensemble, de la manière dont nous pouvons établir un consensus sur la direction dans laquelle l'institution doit se diriger, a-t-il dit. Malgré toute l'attention portée sur la stratégie, la politique et la mission de la Banque, l'un des plus grands défis, sinon le plus grand, auquel la Banque est confrontée est celui de la direction et de la gestion."

 

Le conseil d'administration de la Banque mondiale a pris acte, mercredi, du choix de l'administration américaine en faveur de Robert Zoellick et se prépare maintenant, comme le veut une tradition héritée des accords de Bretton Woods en 1944, à l'entériner officiellement."Les 24 membres du conseil d'administration représentant les 185 Etats membres sont heureux de pouvoir entamer des discussions avec M. Zoellick dans le cadre du processus de sélection", indique un communiqué.

 

Jusqu'au 15 juin, d'autres candidats peuvent théoriquement encore se manifester. "Après cette date, des réunions seront organisées pour considérer toutes les nominations. Les membres du conseil s'attendent à avoir terminé le processus pour la sélection d'un président d'ici au 30 juin 2007", la date à laquelle M. Wolfowitz quittera officiellement ses fonctions, ajoute le communiqué.

 

UN PRIX NOBEL D'ÉCONOMIE DÉNONCE "LE PROTECTIONNISME" DE M. ZOELLICK

Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'économie et ancien responsable de la Banque mondiale, a estimé que la nomination à la tête de l'institution de Robert Zoellick est dans la continuité de celle de Paul Wolfowitz, dont le mandat a été "une catastrophe".

 

"Robert Zoellick a défendu bec et ongles le protectionnisme agricole américain quand il était chargé des négociations commerciales, a souligné M. Stiglitz dans un entretien accordé au journal italien La Repubblica. Comment, en tant que futur président de la Banque mondiale, demandera-t-il le démantèlement des aides à l'agriculture qui favorisent les pays développés aux dépens des pays pauvres ?"

 

Joseph Stiglitz a également reproché aux pays européens d'être responsables de la mauvaise période traversée par la Banque mondiale. "Ils ont préféré soutenir un système qui leur garantit la présidence du Fonds monétaire international, au lieu de modifier avec courage les critères de sélection", a-t-il ajouté.



11/05/2012

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